Thomas Tuchel, entraîneur allemand, sans banc depuis la fin de la saison dernière, a été nommé sélectionneur de l’équipe d’Angleterre, et prend ses fonctions ce mercredi. Une décision qui avait suscité beaucoup de réactions.
« Je suis désolé, j’ai un passeport allemand. Mais j’aime vivre et travailler ici et je ferai de mon mieux pour respecter ce rôle et ce pays.», a déclaré Thomas Tuchel, fraîchement nommé sélectionneur de l’équipe d’Angleterre. Le mercredi 16 octobre, le technicien allemand a officiellement été nommé et présenté par la fédération anglaise de football. La décision n’a pas réjoui tout le monde, surtout Outre-Manche, où la décision de placer un Allemand à la tête de la sélection nationale passe difficilement.
Levée de boucliers
Qu’adviendra-t-il de Ten German Brothers, ce chant des supporters anglais qui fait référence à des bombardiers nazis abattus par la Royal Air Force durant la Seconde Guerre Mondial ? Car Allemagne-Angleterre, est plus qu’une affiche de Coupe du Monde, c’est une rivalité qui dépasse le sport.
Gary Neville, ex-international anglais et désormais consultant pour Sky Sports admet que la fédération anglaise a probablement désigné le « meilleur entraîneur disponible actuellement » avant d’ajouter que « Graham Potter et Eddie Howe montrent qu’il y avait d’excellents candidats qui auraient pu être nommés et qui étaient anglais ».
« Je souhaite qu’un Anglais dirige l’Angleterre. Je suis très patriote », a déclaré Harry Redknapp, ex-footballeur anglais, passé par Tottenham, interrogé sur Sky Sports. Le quotidien sportif allemand Bild n’a pas été plus clément en déclarant que “le désespoir de l’Angleterre doit être énorme si elle admet que seul un Allemand peut l’aider”.
Chez les Anglais, on considère que les meilleurs d’une nation doivent affronter les meilleurs d’une autre. Et que l’inverse ne se serait jamais produit. Pour autant, Harry Kane, capitaine des Three Lions, ayant évolué sous les ordres de Tuchel la saison dernière, a publié un tweet dans lequel il se déclarait « impatient » de jouer de nouveau sous le coach allemand.
Un pari risqué ?
Tuchel n’a jamais entraîné de sélection nationale, mais s’est voulu rassurant lors de sa conférence de presse de présentation. À 51 ans, Thomas Tuchel, sans club depuis son départ du Bayern Munich, a une belle expérience en football de club. Après avoir quitté le PSG en 2020, il rejoint Chelsea pour la saison 2021-2022 en finissant vainqueur de la Ligue des Champions cette saison-là.
Pour autant, l’Angleterre a déjà eu des sélectionneurs étrangers par le passé. Thomas Tuchel, qui succède à Gareth Southgate, devient le troisième après le Suédois Sven-Göran Eriksson (2001-2006) et l’Italien Fabio Capello (2007-2012). Son prédécesseur et entraîneur intérimaire Lee Carsley, est irlandais.
De plus, quasiment aucune levée de boucliers n’a été relevée après la nomination de Sarina Wiegman, néerlandaise, à la tête de l’équipe d’Angleterre féminine (depuis 2021), surtout après qu’elle a remporté l’Euro 2022.
Après l’indignation des premiers jours, l’heure est au questionnement et à l’attente. En attendant de voir les débuts de l’Allemand sur le banc de leur sélection nationale, les Anglais peuvent se réjouir de votre que celui-ci ne vient pas seul. Son assistant de longue date Anthony Barry est anglais et l’accompagne dans cette aventure.
L’ère Tuchel commence donc ce mercredi 1ᵉʳ janvier, quelques mois avant les éliminatoires de la Coupe du monde qui doivent débuter en mars. Peut-être s’achèvera-t-elle avec deuxième étoile que l’Allemand veut « faire broder sur le maillot » des Three Lions au Mondial 2026, soixante ans après la première, à domicile.
Cet article a été écrit le 17 octobre 2024 dans le cadre du cours d’actualité internationale d’Esma Ben Saïd, dans le cadre du M2 Journalisme Bilingue Anglais – Français de la Sorbonne-Nouvelle. Il a été légèrement actualisé ce mercredi 1er janvier.
