Une opposition russe affaiblie et fracturée, un an après la mort d’Alexei Navalny 

Ioulia Navalnaya, à la conférence de Munich sur la sécurité, le 14 février 2025.
Ioulia Navalnaya, à la conférence de Munich sur la sécurité, le 14 février 2025.
L’opposition russe peine à se structurer et à s’unir pour se poser en alternative solide à Vladimir Poutine. En cause, une répression féroce et des fractures internes

« Nous devons sortir » et manifester « pour ceux en Russie qui ne peuvent le faire », a exhorté Ioulia Navalnaïa, la veuve d’Alexei Navalny lors d’une cérémonie à la mémoire de son défunt époux, à Berlin (Allemagne), « soyons leur voix ». Un an après sa mort, plus d’un millier de personnes se sont recueillies sur sa tombe à Moscou. Ses collaborateurs et les autres opposants sont pour leur grande majorité en exil et c’est donc loin de leur pays qu’ils ont rendu hommage à l’ex-leader de l’opposition russe. 

« Criminalisation complète de l’opposition » 

Il y a entre 700 et 1300 prisonniers politiques en Russie, selon les données des ONG OVD-Info et Mémorial, difficile à quantifier, la répression étant souvent dissimulée. La plupart des militants en exil sont basés en Allemagne, notamment à Berlin, où est réfugiée Ioulia Navalnaïa. Ceux restés en Russie sont incarcérés ou muselés.

« Les formes d’opposition telles que plébiscitées par Navalny ont été stérilisées, vitrifiées » estime Igor Delanoë, directeur adjoint de l’Observatoire franco-russe, interrogé par Le Figaro. « En Russie, il ne s’agit pas de l’absence d’une personne ayant le charisme de Navalny. Nous parlons de criminalisation complète de l’opposition », explique à la BBC Tatiana Stanovaya, chercheuse au Centre Russie-Eurasie de Carnegie.

Querelles intestines

Ioulia Navalnaïa tente de prendre la relève, mais sa force de frappe en Russie est limitée. La Fondation anticorruption (FBK), créée par Navalny, officiellement dissoute en 2021, est toujours en place, mais se dispute le statut de leader de l’opposition avec d’autres comme l’ex-oligarque Mikhail Khodorkovski ou encore le blogueur Maxime Katz. Yekaterina Patulina, l’épouse de ce dernier, a été accusée d’avoir fait du profit en travaillant avec des sociétés proches des autorités russes. Le FBK estime qu’elle travaille avec le National Media Group, qui détient entre autres les plus grandes chaînes de télévision russes.

La Fondation a également accusé Leonid Nevzline, homme d’affaires proche de Khodorkovski d’avoir commandité une attaque au marteau survenue en mars 2024 contre Leonid Volkov, ancien bras droit d’Alexei Navalny. Par ailleurs, les deux camps s’affrontent régulièrement par réseaux sociaux interposés. 

La perspective d’une union en vue d’une action militante commune semble désormais lointaine. En 2021, un an avant son arrestation, Alexeï Navalny déclarait  « s’ils me tuaient, cela ne changerait rien, car il y a d’autres personnes qui sont prêtes à me remplacer ». Il faut croire que tout a changé.

Cet article a été écrit dans le cadre du cours « Écriture de presse » du M2 Journalisme bilingue anglais-français avec Isabelle Tales.

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